Oh Oui ! Je veux le voir ton gros pouvoir ! ( Cait, Jade, Amy et MP sur demande) (2024)

Samedi 7 Juin 2014 – 03 : 04 P.M.

Je sais qu’elles vont bientôt commencer et ça ne me motive que plus à rester ici, à regarder le fond et à ressasser ce qui c’est passé. Je n’aurai jamais cru que Jade veule la journée « X-Men », « héroïne », je pensais qu’elle avait comprit le prix de la bataille depuis bien longtemps. Je ne veux pas qu’elle devienne X-Woman. Caitlyn non plus d’ailleurs. Mais j’ai essayé de lui parler avant de la remettre à sa place. Heureusem*nt que Caitlyn sait gérer ces choses là, moi les crises d’adolescence, si j’en connais les symptômes je n’en ai jamais faites et après ce que Jade m’a mit dans la gueule, je dois avouer m’être refermée comme une huitre. Qu’elle veuille suivre le mouvement et espérer devenir X-Men passe encore, elle est juste aussi conne que les autres, pour une fois, à considérer cela comme quelque chose de facile, de cool ou autre, mais qu’elle m’envoie chier là-dessus en me revoyant avec son aisance cruelle à mon « manque d’investissem*nt » et au fait que ce qui s’est passé dans nos passations de soit que des « histoires », voici qui m’a fait très mal. Plus un mot depuis et pas une seule explication. Je ne veux même pas de ses excuses à dire vrai. Juste qu’elle me foute la paix.

On dit que les enfants ont souvent pour mission de réussir là où les parents ont échoués. Nous n’avons pas échouées à devenir X-Men mais c’est une chose que nous ne souhaitons pas à notre fille parce qu’on en connait très bien le prix. Je me suis dirigée vers la voie des X-Men par peur, Caitlyn n’a suivit pour m’y protéger, ça nous a torturé l’esprit et leur corps bon nombre de fois. Ce n’est pas une erreur, non, mais c’est un mauvais choix. Un mauvais choix pour nous. Jade doit avoir un avenir meilleur, c’est ce qu’on essaie tant bien que mal à lui offrir. C’est pour ça que je sais que Caitlyn ne lui fera pas de mal, parce que toute aussi peste que soit notre fille, c’est notre fille, même s’il arrive de plus en plus souvent que je préférerai une relation moins difficile, surtout considérant notre différence d’âge. Des fois, souvent même, j’ai plus le comportement d’une grande sœur et même si mon aimée voit cela avec une bienveillante indulgence, moi ça ne me fait que me poser plus de question. Je ne suis pas une vraie X-Men, je ne suis pas une vraie mère, je ne suis pas une vraie psy, y’a des jours où je ferais mieux d’arrêter d’essayer d’être, je crois. J’en parlerai avec Caitlyn ce soir, hier ça a été surtout au sujet de Jade parce que je ne peux pas me montrer égocentrique quand ma femme et notre fille ont rendez-vous sur le ring, mais Jade n’en saura jamais rien, je pense.

Je sais qu’elles vont bientôt commencer, je sais que l’idée de Caitlyn pour gérer la crise d’adolescence en lui donnant sa chance avant de la retourner comme une crêpe est la meilleure qu’on ait eu mais je crains que Jade ne le prenne comme une humiliation. Il n’y a pas de « présélections » pour devenir X-Men, c’est juste une excuse pour faire échouer l’adolescente hors ça risque de créer plus de problèmes que d’en résoudre. Doit-on des fois se faire détester de nos enfants pour leur bien ? Je n’en sais rien. Je n’en sais foutrement rien. C’est plus simple avec Ashake, changer les couches et bercer ça fait pas tout ce bordel. Bon, le bordel elle le fait la nuit mais ils ont réellement fait insonoriser les murs de notre piaule, j’y avais jamais cru avant considérant que la porte ne l’était pas et que j’entendais suffisamment pour me faire croire que ce n’était pas le cas. Où alors j’arrive réellement à débrancher mon ouïe quant je pionce. Enfin Bref, je m’égare, puisque le plan reste que Jade « se gaufre comme une merde, arrête de nous prendre le chou avec cette histoire, fasse une thèse, se mari, ait des gosses et arrête de nous faire des crises de gamines de 7 ans ». Qu’elle « se gaufre comme une merde » risque de créer des dégâts, j’en ai déjà parlé, qu’elle arrête de nous prendre le chou avec cette histoire je ne suis pas sur que ça en vaille la peine ou même que ça marche, qu’elle fasse une thèse elle en fera une ne serait-ce que pour se comparer avec moi, qu’elle se mari j’ai peur de la belle famille, qu’elle fasse des gosses je suis pas encore prête et elle non plus – moi parce que j’ai déjà du mal avec le concept de maman alors celui de grand-mère on n’en parle même pas et elle parce que l’accouchement c’est hyper-sale, Ororo m’a presque traumatisée avec le sien et depuis, étrangement, je suis moins pressée d’être enceinte ; déjà que je l’étais pas beaucoup… – et donc je préfère rester isolée de cela.

Je suis très bien là, dans la piscine à l’arrière de l’Institut, à faire des longueurs en apnée – au cas où quelqu’un me chercherait – dans mon maillot de bain bleu une pièce à dos nu dont la bretelle se croise un peu en-dessous de la base de ma gorge avant de passer derrière ma nuque pour me maintenir au mieux, membranes nictitantes déployées pour me protéger du chlore. Jadis j’utilisais mes ailes comme tubats pour pouvoir rester sous l’eau, maintenant à moins de les utiliser pour nager également elles me ralentissent et mon temps d’apnée et plus que suffisant pour m’entrainer à la natation ; sachant qu’aujourd’hui je ne m’entraine pas réellement mais je me change les idées. Du moins j’essai. Je suis très bien là à faire des longueurs sous l’eau pour ne gêner ni être gênée des autres étudiants qui sont à l’eau à en même temps que moi. Je suis très bien là à part que je m’inquiète, évidement. Et qu’on vient me tanner pour y aller !

Des fois, faut l’aimer la Rachou, parce qu’elle a beau prétendre respecter le libre arbitre, elle pousse sérieusem*nt au cul pour que je vienne. Non ça ne va pas être intéressant ! Et Caitlyn ne commencera pas tant que je ne serais pas arrivée ? Tant mieux. Je ne veux pas qu’elles se fassent mal, ni l’une ni l’autre ni à l’une ni à l’autre. Comment ça, elles n’auront pas le temps ?! Maieuh… oui c’est moi qui dit que c’est pas grave de se faire mal tant qu’on soigne bien après, c’est pas moi qui fait la poule dès qu’il y a un bobo… Justement ! Si Caitlyn fait mal à Jade non seulement elle va paniquer mais en plus elle va s’en vouloir. Y’a vraiment rien de bon dans cette idée, en fait.

Deal… tout fonctionne par deal ici ? P’tain, je ne sais pas si c’est un truc de rousses ou de sœurs mais franchement… ça marche : je viens et si y’a une blessée, c’est Rachel qui soigne. Par contre pour la boisson elle peut toujours se gratter ! Ce n’est pas du divertissem*nt, MERDE.

J’atteins le rebord et sors de l’eau en y déposant les bras, laissant le liquide me couler sur le visage et les épaules alors que mon regard se dirige vers celle qui me fait la conversation même quant je suis un mètre sous la flotte ; heureusem*nt que sa voix dans ma tête ne me gêne plus parce que boire la tasse c’est encore plus dégueu avec les sens améliorés et mon estomac pré-digestif considère le chlore comme un poison donc je ne profiterai même pas de la gorgée. Mon regard est aussi lourd de significations que parfaitement caché par mes membranes nictitantes mais de toute façon lui serait passé par-dessus la tête même dans le cas contraire. Me soulevant sans difficulté pour mettre les deux pieds sur le même rebord je m’en vais jusqu’au transat où sont pausées ma serviette et mes sandales de plage et j’entreprends de m’essuyer. J’aimerai bien aller me changer avant d’y aller mais on a du retard et… non ! Je ne veux pas de transformation de fringues. Puis rester en maillot avec la serviette par-dessus permettra de bien faire comprendre qu’elles m’ont dérangée, na. Et je ne veux pas le moindre commentaire.

Cheveux encore humides et entièrement tirés en arrière, visage à peu près sec et serviette autour du buste, je suis Rachel jusqu’au gymnase où je prendrais position sur les gradins avec un air contrarié sensé dissimuler mon inquiétude. Et finalement je pense qu’un peu d’eau minérale me fera du bien.

Samedi 7 Juin 2014 – 03 : 00 P.M.

La solitude ne réussissait pas à Rachel, pas réellement. Mais elle avait l’avantage de difficilement se sentir seule avec des nymphomanes d’un côté du couloir pour faire du bordel le soir et un bébé de l’autre côté de ce même couloir pour faire le bordel une fois les précédentes endormies, choses qu’elle percevait parfaitement grace à ses sens psychiques et qui combinée à un sommeil relativement léger lui faisait passer une bonne partie de ses nuits à ne pas dormir. Le petit bonus de la précédente avait été de renvoyer Jade à son nouveau dortoir DEUX FOIS parce qu’elle tournait dans le couloir des X-Men où elle n’avait plus rien à faire depuis quelques temps déjà ; donc désormais que c’était une chambre dans le dortoir des filles, c’était également le couvre-feu et l’agent de sécurité qui venait l’y renvoyer quand elle faisait le mur. Cependant, l’un des grands avantages de l’Echo du Phénix restait que même avec peu de sommeil son humeur ne s’en ressentait pas. Et considérant le pourquoi de l’insomnie de Mlle Elioth de Lauro elle ne pouvait qu’être de bonne humeur !

Jade voulait devenir X-Woman, comme ses mères, et ces mères ne voulaient pas qu’elle le soit, comme des mères, ainsi donc Caitlyn avait proposé de régler ça à l’amiable en donnant une chance à son enfant, comme une mère, chance qui se résumait à un combat au corps-à-corps, comme… en fait non.

Toujours était-il que ça serait certes une distraction brève mais plutôt sympathique, d’autant que Jade était sensée avoir suivit la formation des Confréristes pour apprendre à se battre et qu’il y avait du potentiel pour que ça soit intéressant. D’autant plus que Silent semblait plus que confiante en ses capacités même si une partie devait tenir de la mauvaise fois. Puis elle avait de la suite dans les idées, elle voulait déjà Angel comme professeur ; même si ça avait été plus pour faire bisquer ses mères parce que selon toute probabilité Angel n’était même pas au courant qu’il y avait un programme d’entrainement pour les Aspirants X-Men, ça restait une meilleure idée que de lui demander à elle. Phénix craignait déjà de se faire engueuler par Caitlyn vu combien elle amochait Amy durant leurs entrainements alors Jade qui ne régénérait pas… M’enfin c’était Caitlyn qui allait amocher Jade donc tout était au mieux. Ou presque.

En effet, du point de vue de la divinité qu’elle était, il manquait de l’eau pour les combattants, histoire qu’ils se ressourcent après leur combat, et du soda pour les spectateurs. Du popcorn ? Elle en aurait bien prit aussi mais Jade l’avait soudoyée en pâte d’amande pour elle-ne-savait-plus-quelle-raison (peut-être un coup de main dans le combat ou alors la laisser faire le mur en paix, choses qui dans un cas comme dans l’autre ne se produiraient pas) ainsi elle-même était déjà équipée et pour l’instant elle serait seule spectatrice.

La tenue de pompoms girls lui était passée par la tête mais elle ne connaissait pas la chorégraphie et qui que soit celle qu’elle soutenait elle n’aurait pas eu le temps de le faire et elle aurait vexée l’autre alors elle allait rester neutre et spectatrice, chose qu’elle ferait avec un haut-court fait d’un foulard noir agrémenté de traces blanches qu’elle s’était enroulée pour qu’il lui couvre d’en-dessous des aisselles jusqu’au-dessus du nombril, laissant du fait voir la marque de fouet qui lui partait de l’épaule gauche ainsi que les diverses cicatrices du bras du même côté qui se résumaient à un impact de balle sur l’extérieure et quelques coupures mal guéries, et d’un short jeans d’un état assez élimé par endroit, qui ne cachait pas non-plus une lacération de fouet sur l’arrière de la cuisse gauche et un autre impact de balle sur la droite. C’était cependant tout ce qu’elle dévoilait de ses cicatrices et tant qu’il n’y avait pas de question, cela lui allait. Et à défaut d’être une cicatrice la marque du Phalkon, qui s’échappait du haut des ailes sous ses épaules et du bas de la queue dans le bas de son dos, faisait également partie des sujets qu’elle ne souhaitait pas aborder.

De toute façon, sur l’instant, il n’y avait qu’un seul sujet qu’elle voulait aborder, comme en témoignait sa pause assise sur un transat au bord de la piscine et son œil gauche illuminé de sa marque psychique, preuve qu’elle communiquait avec une personne qui se cachait à la manière d’un sous-marin.

Oh, elle comprenait parfaitement l’avis d’Amy sur le sujet, il n’était pas question de lui forcer la main. Mais ça allait être intéressant ! Et même dans le cas contraire, Caitlyn voulait pas démarrer sans que la troisième Elioth de Lauro soit là. Ce qu’elle en savait ? Elle faisait la conversation avec Jade au même moment. Conversation très constructive d’ailleurs, même si Rachel n’avait pas de banderoles ni de mouchoirs, juste des boissons et de la pâte d’amande. Et non, elles ne se feraient pas mal, elles n’en auraient pas le temps. Mais zut à la fin, c’était pas Caitlyn la maman poule craignant les bobos ? Amy était bien une Elioth de Lauro : têtue comme une Elioth de Lauro.

Bon, aller, si Amy venait, Rachel faisait l’infirmière ; plus de bobos. Deal ? Et oui, c’était un truc que Caitlyn lui avait apprit : pour faire avancer le monde, essayer de négocier avant de lui foutre un coup de pied au cul. C’était très X-Men comme raisonnement mais une bonne partie des élèves et des Confréristes l’avait pas encore comprit. Mais du coup, Rachel serait pas toute seule à boire devant le match ! Ah si ? Bon bah au moins elle serait pas toute seule devant le match tout court. Et si, c’était un match, il ne fallait pas dramatiser non plus.

Regardant Amy ressortir de sa bouderie aquatique en se relevant elle-même et s’emparant des bouteilles d’eau et de coca qu’elle avait prise, l’Echo du Phénix la regarda la regarder ; non, certes elle n’avait rien capté au regard mais elle était encore dans la tête de l’italienne alors rien de conscient ne lui échappait. Et autant si très peu de choses parvenaient à la gêner, même parmi les pensées incontrôlées des autres, l’idée d’Amy changeant de tenue lui rappelait de souvenirs suffisamment impromptus pour qu’elle détourne le regard. Elles n’avaient jamais réellement reparlé du jour de décembre, que ce soit avec Caitlyn ou Jade, c’était comme si ce sujet était enterré mais les événements avaient laissés des traces ; trace que si Rachel ignorait dans la psyché des autres elle avait partiellement identifiées dans la sienne. Enfin Bref tout ça pour dire qu’elle préférait éviter de se mêler d’une affaire de changement d’affaire mais qu’elle était consciente du temps que cela prendrait alors elle voulait bien se sacrifier pour faire changer la tenue de son amie…

Chose qui lui valut de se faire envoyer chier, soit, mais elles étaient déjà en retard et Jade n’allait pas attendre toute sa vie pour se prendre une danse. Quand à la décision d’Amy, pour le coup, c’était sans commentaire en effet. Comme si Rachel avait pour habitude de faire des commentaires.

Un pack de boisson dans chaque main, la pâte d’amande dans la poche, l’Echo du Phénix entreprit de marcher elle aussi jusqu’au gymnase, prête à être supportrice neutre et spectatrice engager d’un truc dont l’après durerait bien plus longtemps que le pendant. Jade allait-elle devenir X-Woman ? Pas réellement de suspens là-dessus. Mais elles pouvaient toujours prendre les paris sur combien de temps ça durerait !

J'ai perdu ma godasse.
Où est-ce que j'ai bien pu la foutre? Sous le lit? Sous la couette? Derrière l'armoire? Dans un tiroir?
Nul part. J'ai paumé ma chaussure. C'est la gauche. Non pas que ça change quelque chose puisque gauche ou droite c'est la même merde pour marcher.
Qu'est-ce-que je fais alors? Je mets une autre paire? Non, pas question, celle là était pile poil faite à mon pied, complètement usée et déglinguée, c'était la paire de groll des journées où j'en ai plus rien à foutre. Elle doit être aussi vieille que les plus jeunes élèves qu'on a à l'institut. C'est l'un des avantages de pas grandir, on peut garder les baskets d'il y a dix ans.
Je l'aime cette paire, j'ai fais pleins de trucs avec. J'ai couru, sauté, combattu même si c'est vrai que ça, c'était avant. Maintenant je la mets les Week-end où j'ai la flemme. La bonne, la grosse et l'unique flemme qui me fait lever au milieu de l'après midi. C'était la paire des journées où je ne me coiffais même plus, mettais les fringues que je pouvais trouver et déambulait comme un zombie au milieux d'élèves qui en profitaient pour me trouver de nouveaux surnoms tous plus ingénieux les uns que les autres à chaque passage.
Je l'aimais, mais je l'ai perdu, du moins, à moitié.

J'ai perdu ma godasse c'est vrai, mais si je me lève si tard en essayant de la chercher sans même n'avoir rien avaler, c'est parce que mes nuits sont de vrais calvaires. Il fait chaud, je supportes plus les boules Quies qui me font suer des trous d'oreilles comme si c'était par là que je pissais. Il fait chaud et ça gueule jusqu'à plus d'heures dans les couloirs.
Je hais les gosses et j'ai paumé ma chaussure.
J'ai beau me lever à point d'heures, j'en ai pas moins des cernes jusqu'au menton. Les bonnes, les grosses, et les uniques cernes que tu choppes quand t'es au fond du trou du manque de sommeil mais qu'il y a encore des connasses pour t'enfoncer d'avantage.
Tiroir? Non. Sous le lit? Non. Sous la couette? Non.

Je hais les gosses, j'ai perdu ma godasse et ma chambre est en bordel.
C'est vrai qu'on me le dit souvent mais pour ma défense c'est un bordel que je connais, dans lequel je m'y retrouve. Et peu importe le nombre de fois que je le retourne pour essayer d'enfin enfiler une chaussure confortable sur mon pied gauche nus, je sais pertinemment qu'elle n'est pas là. Mais je fouille quand même. Premièrement parce que je suis mal réveillée. Deuxièmement parce que j'ai même pas assez dormis. Et troisièmement parce que je suis qu'une conne.
Où je l'ai mise pour la dernière fois?
Quelqu'un! Dites moi! A l'aide! Rachel! Fais quelque chose pour une fois que tu peux servir à quelque chose! Merde quoi! Un peu de pitié!

Dans le vestiaire du gymnase?
Ah, bon, merci Rachel.

Je marche dans les couloirs, je descends des escaliers et pousse enfin la porte du gymnase.
Pied gauche nus, pied droit dans une chaussure aussi défoncé que la sexualité d'Emma Frost, short de jogging et T-shirt publicitaire gagné je ne sais plus où, paquet de céréales sous le bras, l'autre – le bras - plongeant dans ce dernier – le paquet (faut suivre merde!) - pour y extirper la bectance et l’amener jusqu'à ma bouche; cheveux en vrac, regard de zombie fatigué… Voilà en gros le tableau.

«

J'ai paumé ma godasse...»

J'ai du lâcher ça avec une voix en accord parfait avec me dégaine. J'avance dans le gymnase sans trop me préoccuper de qui s'y trouve. Il y a l'air d'y avoir du monde. Faudrait pas que je dérange. Je passe au milieu de deux filles, une rousse et une asiatique.
Une rousse? Je tourne la tête, une céréale craquant sous mes dents.

«

S'lut, Cait'.»

Je continue ma route, pousse la porte du vestiaire et renoue avec la parité plantaire en enfilant l'inséparable partie gauche de ma lacunaire démarche.
Je fais demi-tour, empruntant le même chemin et tournant la tête du même côté même si-cette-fois-ci-je-la-tourne-vers-l'autre-personne-vu-que-je-me-suis-retournée (oui non, bon là, j'avoue que c'est moi...)
C'est là que j'ai commencé à comprendre ce qui se tramait dans le gymnase. Les Deux X-women les plus anti-X-men empêchant la future X-woman de devenir X. Voilà qui sonne encore comme un crachat que je me prends en pleine figure me signifiant que j'aurai mieux fais, moi-aussi, d'empêcher mes élèves à œuvrer et souffrir pour le diable.

J'arrive vers la porte principale et m'en vais comme je suis venue, des céréales en moins mais une chaussure en plus.

«

Bon courage Jade. Quad'tu s'ras X tu p'ras com' moi chercher tes groll tout' la jour'née.»

La porte se ferme, ma bouche aussi.
C'était le caméo inutile de miss Lee.
A supprimer si vous en avez l'envie.

Brassière de sport et short, voici qui pourrait presque me faire changer d’avis sur la situation mais là où je dois avouer me rincer l’œil sur le physique de mon aimée, son regard comme sa pose en disent trop long sur sa propre perception de ce qui va advenir et cela me renforce dans mon idée ; ça va mal se passer. Jade n’est pas loin derrière nos conclusions et si elle baisse les yeux, parfaitement sincère dans son ressenti vis-à-vis de moi, je fais mine de ne pas y réagir à défaut de mentir sur le fait que j’ai parfaitement saisie ses expressions. Je m’assois sur le gradin le plus proche, serviette toujours autour du corps, et ne la salut ni ne lui fait le moindre signe. Oui, il m’arrive de faire la gueule et je le fais à ma façon, ce n’est pas de l’explosivité mais un masque d’impassibilité feintant de ne rien ressentir. L’agacement de mon aimée m’atteint en revanche et si je grimace un instant je n’en change pas mon attitude ; la conclusion est que la seule contente d’être ici, c’est la quatrième mousquetaire.

Ey ! C'était une blague pour le truc « fan club » hein ! – quel truc du fan club ? Je me retourne vers la personne à qui c’est adressé avec un regard accusateur et outrée – On va pas filmer non plus, non ?

Et bien… peut-être… le ralenti te permettrait de comprendre ce qui vient de t'arriver – c’est cela, balancez-vous des fiantes au cas où ça ne ferait pas déjà assez mal – et pourquoi, inévitablement, tu t'es retrouver le cul sur le sol, ma fille.

Jubilée a raison, t'es un crocodile maman ! Grande gueule et petit* bras !

Alors celles-là elle lui vaudrait une baffe si je n’avais pas peur d’en distribuer depuis le premier orage d’été !

Hu hu… Elle dit ça ? Me demande si y'a toujours les traces de dents du crocodile sur ses fesses quand je l'ai pilé, la naine… – de QUOI ?! Oh tu peux toujours me regarder, c’est trop tard, tu l’as lachée ta connerie… cette histoire n’en restera pas pas – Façon de parler, mon ange, hein !

Ouais, ouais, ouais… -_-
Battez-vous qu’on en finisse… T_T
Et pas besoin de le faire en trois rounds pour une humiliation complète en trois actes ><

Première manche, juste un touché, sans pouvoir et j’espère sans trop d’essais. Bon, analysons la situation puisqu’à défaut de compter les points c’est tout ce que je peux faire en étant ici. Jade se prépare avec méticulosité, calculant rapidement une stratégie comme à son habitude et étant aussi lisible qu’à son habitude ; tension des muscles, direction du regard et surtout le sourire de mépris, elle n’a pas encore agit qu’elle croit déjà que son plan a marché, trahissant ainsi le fait qu’elle va feinter. Déplacement en demi-cercle pour prendre plus d’élan sans chercher à contourner la garde, elle fait la fierté de Fuzzy, puis la feinte et contrée d’un simple pas de danse – même si l’angle me permet d’avoir le droit au passage à une belle vue sur de belles parties – qui laisse Silent sans voix ; elle est passée par-dessous.

Académique… – je suis d’accord, ça nous donne le niveau d’entrainement réglementaire de la Confrérie et rappel le style de Kyle, avec de grosses lacunes dont la principale et l’étroitesse d’esprit et l’absence de conscience de son environnement, toute deux entrainant une impossibilité d’adaptation ; on aura beau critique le style de Cait’, qui certes n’est pas sans faille, mais au moins il permet l’adaptation et une bonne gestion de son effort – rigueur tactique… – je suis d’accord, c’est peut-être le seul point qu’elle a de bon – et complètement inefficace pour qui observe le mouvement de ton corps, – je suis encore d’accord, à 100% ; contre des néophytes ça passe, contre des entrainés c’est bon à un avoir un une fois, au mieux – tes appuis trahissent ta feinte. Diagnostique évident : manque d’entraînement et d'inventivité, c'est un X Men qui est devant toi, pas un de tes mickey chinetoques miteux de San Francisco… un peu sérieux, je te prie ! Allez !

Je n’aime pas quand Caitlyn est comme ça, je sais que ça fait partie de sa gestion du stress et globalement de son comportement face à l’inconnu mais ça me pose déjà problème en mission face à l’inconnu alors face à Jade ; car je ne vois personne d’autre que Caitlyn et Jade, là, c’est… elle ne lui fait pas mal mais elle l’énerve, preuve qu’elle ne sait pas garder son calme ce qui est certes un défaut mais aussi destructeur en dehors. On va avoir des plaies à penser ce soir et même si on y sera à trois, je ne pense pas qu’il n’y en aura une seule d’entre nous qui n’ait pas à se faire pardonner aux autres. Ça peut être aussi adorable que détestable, ce comportement…

Je regarde Caitlyn me regarder et comprendre parfaitement la signification de son message, baissant les épaules et les yeux avec tristesse ; j’ai déjà échouée, je sais, on fait à ta manière maintenant, mais je n’arriverai pas à m’empêcher de la déprécier, de la craindre, de… tout un tas de trucs.

Les essais du premier round sont perturbés par une arrivée imprévue et imprévisible, du moins dans sa manière de l’être pour le second point ; visiblement, Jubilee a trouvé pire que nous niveau tapage nocturne, et elle ne s’est pas remise à courir. A la place elle erre comme un mort-vivant, justifiant une irrégularité de sa tenue mais pas tout le reste ! Mon dieu ma pauvre, les moments où tu dois le plus dormir c’est encore quant tu es avec Kyle…

Mais alors même que Jubilee est au ralenti Jade accélère le rythme ; pas suffisant face à Caitlyn qui continue de jouer en ignorant toute les ouvertures et en n’en laissant aucune. J’ignore le style de combat pratiqué par notre fille mais je reconnais la cohérence globale, une chose très utile pour en comprendre le fonctionnement et le contrer au mieux ; d’où l’intérêt de mixer les arts martiaux. Ou d’y aller au free-fight mais ça c’est encore plus compliqué.

Une pause, mon aimée rompt le combat pour laisser passer notre mentor, saluant avec son attitude de circonstance et indiquant où elle a visiblement planquée la disparue, me faisant lever les yeux au ciel ; geste rapidement interrompu lorsque Jade frappe comme un rapace et se fait avoir comme un pigeon… Non seulement il est des points qu’elle ne maitrise pas en pratique mais elle ne semble pas les connaitre en théorie non plus… Kyle a mal fait son job, ou peut-être ne l’a-t-il pas fait du tout et Jade a-t-elle apprit à la dure, parce que là ce n’est pas de la Confrériste d’intervention mais de la chair à canon, Jade. Même en infiltration, une fois repérée, elle n’avait aucune chance de s’en sortir seule. Elle a l’intelligence et la vivacité mais le corps ne suit pas ; eh oui, Caitlyn n’est pas qu’une geek même si elle fait son possible pour en avoir l’air. Après, Caitlyn est aussi bien plus douée au naturel que nous deux, voir nous deux réunies.

Je compatie pour toi, ma fille, c’est un moment sans doute tout aussi désagréable que celui que tu m’as infligé, avec la colère en lieu et place de la tristesse. Et si j’ai réussie à garder contenance toi tu finies face contre terre, toute seule.

Là par contre, c'était de la merde, Ptit Citron. – l’énervement lui fait perdre tout ce qu’elle avait de bon, en effet – On n'est pas à Street Fighter, cocotte. Bon… Fin du premier round on va dire… Pour info, j'estime que face à Amy, ce petit jeu aurait duré entre 2 et trois secondes avant que je ne perde… – le problème des arts dérivés de la boxe classique est qu’ils ne sont pas efficient contre les coups de pieds ; je pratique le Vovinam, il m’aurait suffit d’un ciseau pour briser la tactique en un à deux cinquièmes de seconde, qu’il soit bien réussit ou pas, et même si le Xingyi aurait été bien moins efficient un coup de pied circulaire à destination du bassin aurait causé une perturbation dans le mouvement continuel tandis que le Wing Chun m’aurait assuré une défense face à ses répliques et des contres aptes là aussi à briser la danse. Je ne préfère cependant jamais savoir si l’estimation de Caitlyn est bonne ou non – Quand à ma sœur… je ne préfère même pas l'envisager.

Elle l’aurait tuée. J’ignore combien de temps cela lui aurait prit mais pour l’affronter régulièrement je sais que Rachel ne se bat pas pour gagner, elle se bat à mort ; ses coups visent principalement la tête, pour désorienter et sonner, ses contres visent principalement les membres, pour en briser les articulations, ses prises étouffent et broient… aucun art martial ne fait cela, elle n’en pratique aucun. Du combat libre dans ce qu’il a de plus dangereux, sans règle ou retenue, usant d’hargne et d’agressivité, d’une rage bestiale qui grandit à chaque coup qu’elle porte et qu’elle reçoit. Les Arts Martiaux sont une voie d’équilibre, elle chemine sur une voie de mort.

Mais ce n’est pas ce qui me fait le plus grimacer… l’aveu de Caitlyn me fait bien plus mal. Oh, oui, je savais déjà, nous avons nos propres masochismes et nous connaissons suffisamment pour deviner ceux de l’autre mais ça fait quand même mal de l’entendre en parler, de l’entendre en témoigner. Il y a tellement d’images qui reviennent, il y a tellement de souvenirs et de sentiments que mon visage s’en marque de douleur alors qu’elle expose une vérité crue aussi vive que les chairs avaient été mises à l’époque. Je suis désignée et je ne réagis pas, prisonnière d’une réminiscence qui sera, pour moi aussi, toujours il n’y a pas longtemps. Je ne peux pas pleurer avec mes membranes nictitantes mais mon absence et mon apathie trahissent des larmes que ne seront jamais vues, et mon premier geste en ponctuation de cela est de détourner le visage, profitant d’une Jubilee à nouveau dans la salle principale pour essayer de me changer les idées.

Mais cela ne marche guère car le visage de Jubilation, tout tiraillé par la fatigue qu’il l’est, est aussi emprunt d’une tristesse et d’une douleur à ces propos. Oh, Jubilee, combien de temps que les non-dits croissent entre nous ? Combien de temps que tu endures seule dans ton coin le prix de ta force et celui de nos faiblesses, le prix de ton idéalisme et celui de nos désillusions ? Tu as été un mentor pour nous, tu n'avais pas à faire de choix à notre place et n’est en rien responsable de ce qui est arrivé après. Peut-être aurais-tu pu nous dire que nous n’étions ni prêtes, ni faites pour cela, mais tu as préféré cultiver notre espoir plutôt que le détruire. Il faudra que je t’en parle, que je t’explique que malgré toutes les mauvaises choses que nous ont apportées les X-Men tu fais partie des bonnes. Sans toi on aurait depuis longtemps décrochées, Cap’tain.

Je regarde tristement Caitlyn qui voit la même chose que moi, je le sais, puis me détourne alors qu’elle énonce le second round. J’aimerai tant être ailleurs…

Bon, dès l’arrivée dans le gymnase, l’ambiance lui fit clairement comprendre qu’elle était la seule à s’enthousiasmer ; il y avait du non-dit, il y avait de la mauvaise foi, il y avait des reproches et de la culpabilité et personne ne voudrait de ce qu’elle-même avait apporté. Soit, elle était habituée à être à côté de la plaque et cela ne la gênait pas le moins du monde, à la différence de ce que ressentaient les trois autres. Mais Caitlyn faisait des efforts et son clin d’œil fut accueillit avec un sourire, certes peu contagieux mais c’était pas grave : au moins une qui profiterait des boissons et de la pâte d’amande.

Ey ! C'était une blague pour le truc « fan club » hein ! On va pas filmer non plus, non ?

Ah non, il y avait eu un « chiche » accepté donc elle ne s’en sortirait pas comme ça, la Jadounette. Rachel n’eut pas la puérilité de lui tirer la langue mais ne s’en assit pas moins alors que Caitlyn faisait de la surenchère, cherchant une fois encore à détendre l’atmosphère. Il n’y aurait rien de grave, il fallait arrêter de dramatiser : au pire, des égratignures et une leçon de vie, avec un minibar pour permettre à tout le monde de se remettre et de se réconcilier. Amy était d’une mauvaise foi familiale parce que, bon, se taper dessus avec l’Echo du Phénix de façon amicale ne lui avait jamais posée problème alors elle n’avait pas le droit d’en tenir rigueur à sa fille et son épouse pour en faire de même ; même si c’était l’une contre l’autre qu’elles le faisaient ! Jade était trop grande pour avoir des fessées mais n’avait pas prit suffisamment de déculottée dans sa vie, ce serait le métier qui rentre, rien de plus.

Le métier qui rentre en trois rounds ; cool, elle aurait peut-être le temps de finir ses 50cl de coca. D’autant plus vu le temps que prenait Jade à réfléchir à une stratégie. Rachel était adepte du principe « aucune stratégie ne survie au contact de l’ennemi » et du combat à l’instinct mais elle comprenait parfaitement qu’on puisse chercher à prévoir, anticiper et planifier, même s’il fallait faire ça TRES vite sans quoi on se voyait ravir l’initiative. Ça commença rapidement cependant, pas assez mais tout de même.

Silent était plus douée qu’elle ne le paraissait, théorème vrai pour toute la famille considérant les diverses apparences physiques et gabarits, mais à défaut d’avoir attendu quelque chose de précis l’Echo du Phénix partagea le sourire de sa sœur d’adoption. Déplacement non linéaire pour prendre sur le flan, considérant la technique de Fuzzy c’était une bonne idée, mais Jade réussie à tout faire foiré en allant au plus compliqué par une feinte ; si le première coup avait eu de maigre chances de toucher, le second les avaient entièrement dissipée par bien trop de futilité. Jade n’avait pas cette économie de mouvement et Caitlyn le lui démontra bien, n’entreprenant rien de plus que le strict nécessaire et révélant par là même la plus grosse défaillance de Jade : l’inconscience de son environnement. Contre des cibles inanimées ou non entrainées, cela passait, mais contre un véritable adversaire cela ne pardonnait pas, et le nombre d’ouverture laissée par l’adolescente durant son bref essai aurait pu lui coûter la vie. Rachel n’estimait pas avoir une technique des plus pointues mais elle aurait gérée la chose en une demi-douzaine de seconde tout au plus : saisit de l’attaque feintée par une main tout en entrainant une réplique de l’autre à direction du visage exposé par la rotation, qui était bien la pire chose pour conserver sa garde en place, afin de la sonner et de lui saisir grossièrement ce même visage de cette même main, toujours en maintenant la prise de l’autre, afin d’asséner un coup de genou au niveau du bassin pour lui faire perdre son équilibre. Reprendre le sien d’un poussée des bras afin de jeter son adversaire contre le sol, face contre terre, et de l’achever d’un abattement du pied sur la nuque. Fin du match.

Académique, possiblement, tactique, surement, complètement inefficace pour quiconque ayant conscience de son environnement, fatalement. Avant une gorgée de soda pour faire disparaitre l’impassibilité de son visage, Rachel approuva le diagnostique mais désapprouva l’appel aux blessures morale de Jade. Elle s’énerverait déjà très bien toute seule, inutile de la mettre à bout moralement. Il y avait une autre personne dont les échos astraux raisonnaient pour trahir une colère ensommeillée et une perte de moral grandissante, l’Echo du Phénix pouvait l’entendre hurler à l’aide à son attention en plus ; pour une fois qu’elle pouvait servir à quelque chose ?! Mais elle servait à quelque chose, elle avait amenée les boissons… et la godasse était dans le vestiaire du gymnase… au plaisir la chef

Jubilee mettrait un temps à arriver, temps qui fut mit à profit à Jade pour mouliner dans le vide et à Caitlyn pour s’échauffer avec douceur, sachant que plus Silent ratait plus elle devenait bruyante de colère et plus elle devenait bruyante de colère plus elle ratait, tant et si bien que son bon début était complètement parti aux oubliettes et qu’elle aurait, au combat, connu un certain nombre de morts dont absolument aucune n’avait la moindre originalité. De Batman ou de Robin, Jade était Damian Wayne… Rachel était déçue.

La Chef de la X-Team arriva rapidement malgré son apparence d’échappée d’un autre univers à la cohérence douteuse et poursuivit avec cette même rapidité après avoir saluée la foule et interrompu un pseudo-combat qui en tenait plus du cours de danse. La regardant passée, la snober avec un excès de lenteur qui devrait être interdit, et repartir, Rachel se demanda si elle ne devait pas prendre ombrage et changer la position de la chaussure, position visiblement pas si perdue que cela ; elle n’en fit rien, compatissant avec Juzombie et se prêtant à l’idée de commencer à manger la pacte d’amande tout de suite sans attendre la fin du combat. Mais non, elle devait partager… ou en recréer… dilemme-dilemme.

Dilemme dont elle était la seule à se préoccuper considérant que tout le monde était préoccupé par des histoires de famille : Juju voulait réunir les inséparables sœurs jumelles qui aspiraient à la retraite depuis bien longtemps maintenant, Amy voulait que sa femme et sa fille arrête de se taper dessus avant qu’il ne soit trop tard, Caitlyn voulait donner une leçon et Jade prendre en traitresse… Personne ne la comprenait, décidément. Après un soupir vif Rachel regarda Silent devenir Serpillère et ravala une gorgée de sa boisson. On pouvait noter une progression tout de même : Jade n’était pas en train d’être obnubilée par la saleté de l’endroit sur lequel elle s’était vautrée.

Oh que oui, c’était de la merde, le Ptit Citron, quand il était pressé, ne donnait rien de bon. Jade n’avait jamais comprit pourquoi Rachel perdait tout le temps aux jeux vidéos, ou rechignait d’ailleurs aux jeux de baston, mais elle devait commencer à entrevoir la réponse : plus qu’être à la place qu’on lui laissait pour ne contrarier personne (chose désormais changée avec Caitlyn suite à une promesse) elle ne voyait pas l’intérêt de fracasser une manette pour fracasser un personnage virtuel quant on voyait ce que cela donnait en vrai.

L’Echo du Phénix ne sut si le petit jeu était celui de Caitlyn ou celui de Jade mais elle penchait pour le second considérant qu’il n’aurait pas fallu une seconde à Nephilim pour vaincre Jade comme elle se battait là, pouvoir ou pas, quant à la technique d’esquive de Fuzzy il valait mieux qu’elle évite de se faire désynchroniser avec son mouvement et était vulnérable aux coups de pieds horizontaux, du fait c’était très risqué contre une personne aussi rapide qu’Amy ou Jubilee, dont le niveau en technique pure les dépassaient largement. Quand à faire face à un Warhound… c’était définitivement à proscrire.

Facile de craner quand on s'entraine à faire ça aussi ! Moi aussi avec de l’entraînement je…

L’entrainement ne faisait pas tout. Loin de là. Mais plus que s’étendre sur ce sujet ce fut sur un autre que Fuzzy parti et le visage de Rachel se durci une nouvelle fois. Elle regarda Caitlyn s’accroupir pour faire sa confidence et sentie la tension d’Amy monter également. Il n’était jamais bon de reparler des événements de la Traque et de ceux qu’ils avaient entrainés, c’était l’un des faits les plus marquants, voir le plus, de leur histoire commune ; un fait précédent Jade et qu’elle devrait intégrer désormais, puisqu’elle voulait cheminée avec ce groupe à l’histoire si particulière. Une histoire de vie et de mort, de bonheur et de malheur, de souffrance et de guérison, toutes égales et harmonieuses ou plutôt harmonisée dans une équation qui leur permettait de garder la tête hors de l’eau. Ce rythme et cette tonalité d’événements, Rachel y était habituée, elle avait plein de mauvais souvenirs et savait les encaisser, celui-là à l’égal des autres. Sa plus flagrante réaction fut donc de poser la main sur l’épaule de son amie en guise de soutien, tentant de la ramener et de la maintenir dans le monde réel là où une mémoire comme la sienne était plus qu’apte à faire surgir des fantômes, l’Echo du Phénix le savait pour l’avoir possédée.

Quand tu seras X Men, comme nous, tu pourras te créer tes propres démons et sans cesse les laisser te marteler le cœur...les pires cicatrices, Jade, sont celles qui ne se voient pas.

Les Marques d’Assermentation des Limiers apparurent sur le corps de Rachel pour illustrer se propos, une union commune pour faire comprendre à l’adolescente le prix à payer même si elle-même n’était pas pour lui interdire ce choix, simplement lui expliquer ; car quoi que l’on puisse dire de cette assemblée, elle était restrictive, non explicative.

«

Bon courage Jade. Quad'tu s'ras X tu p'ras com' moi chercher tes groll tout' la jour'née. »

Jubilation Lee était loin d’être à « chercher ses grolls » toutes la journée et être une X-Woman comme elle signifiait avoir trouvé l’équilibre entre vie personnelle et vie qu’X-Woman, une quête dans laquelle ses deux élèves avaient échouée et que d’autres comme Ororo commençaient à peine. Jubilee était le parangon des vertus qu’elle avait enseignée et que ses anciennes élèves avaient répandue par la suite à leur tour, elle était une chef de la X-Team efficace et ne déméritait pas sur le plan de l’investissem*nt, qu’il s’agisse de la formation des élèves ou de la participation aux missions. La seule chose qu’on pouvait se demander étant si elle n’encaissait pas et ne prétendait pas être plus que ce qu’elle était, se sacrifiant pour la Cause sans avoir réussit à se stabiliser personnellement. Cela l’avait été par le passé mais la relation avec Kyle, l’éloignement de Caitlyn et les responsabilités avaient pu changer la donne.

- Debout, la leçon n'est pas finie. Round 2.

Laissant la morte-vivante repartir, l’attention se retourna vers celle qui avait, malgré son passé, le moins eu à sacrifier pour l’heure et semblant prête à accomplir ce même engagement que toutes les autres ; peut-être son entourage l’influençait-il, et pas uniquement Sanzo qui n’arrivait pas à se décider sur s’il voulait devenir X-men ou pas, non, l’Echo du Phénix pensait bien aux mères, à la mentor, à elle-même… Jade côtoyait peut-être trop d’X-Women pour ne pas finir par s’engager à leur suite, ne serait-ce que pour se placer à égal avec elles toutes.

Sanzo et ses amis avaient un don, une capacité qui n’avait rien à voir avec leur mutation mais avec une naïveté légère et entêtante qui les faisaient passer à côté de la majorité des souffrances du monde, même quand elles leur passaient sous le nez. Leur première initiative, de regarder par la fenêtre sans se manifester puisqu’arrivés après le début du combat, avait été bonne. Mais à la suite d’un mauvais conseil ils avaient décidé de rentrer, chose qui passait encore même si elle serait probablement déconcentrant pour Jade, et pire que tout de prendre parti. Rachel avait beau être venue avec légèreté pour le fun, elle avait rapidement comprit qu’il ne fallait pas ce mêler de ce qui se passait, juste recoller les morceaux une fois que ça serait fini. Mais n’ayant été explicité ni part des larmes ni par une souffrance visible, les jeunes naïfs n’avaient pu comprendre. Quand à celle qui les accompagnait l’Echo du Phénix n’en faisait et n’en feraient aucun cas ; qu’elle vienne montrer une famille entrain de se fracasser la gueule à son bébé était une bonne chose pour qu’il intériorise la violence dès son plus jeune âge, les deux premières années de sa vie étant dédiées à l’observation et l’imitation de ce qu’il verrait. Mais elle n’avait rien à foutre du destin de l’enfant à l’inverse de celui des deux belligérantes, ainsi donc se contenta-t-elle ne fixer le combat qui s’en reprenait sans accorder la moindre considération au reste.

Rachel savait reconnaitre une séance de torture quant elle en voyait une tout comme elle savait reconnaitre ce qui se passait dans le cœur de sa sœur, et si le premier round avait été borderline elles entraient dans le vifs du sujet avec plus de tranchants que les lames d’Oroboros ne l’avaient fait. Ramenant sa main contre elle, elle regarda une chose dont elle ne les avait pas crues capable.

La bête était lâchée dans le paradis et elle ne laisserait place au cœur qu’une fois qu’elle en aurait consumer un autre, c’était là la crainte de la plus jeune des deux rousses qui constatait une fois encore que si elle était bonne pour donner des conseils, son ainée n’était pas bonne pour les suivre elle-même. La bête, Rachel la connaissait, c’était sa monstruosité, un point commun créé différemment mais qui contribuait à les rapprocher dans le pire et de voir ce pire arriver alors qu’il n’avait aucune place ici lui fit se séparer de sa boisson.

Seconde épreuve : la parade et l'évitement ; voyons ce que tu peux faire en défense. On renverse les rôles, tu vas m'empêcher de te toucher.

C’était déjà fini. Jade ne maitrisait plus rien car on ne l’avait pas entrainée à user de cette monstruosité en elle, car on l’avait aidée à la faire disparaitre, et tout le travail qu’avait pu faire Amy sur le remplacement de la colère était déconstruit par une Caitlyn dont le surnom n’était plus Fuzzy mais Buse Cendrée.

C’était déjà fini et cela le fut à de nombreuse reprise, énonçant un verdict qui ferait mal à toute personne un minimum attachée à l’une des deux qui s’infligeaient et subissaient cela. Il n’y aurait pas de larme pour Rachel, cependant, car le jeu du destin avait fait que ce soient des sentiments négatifs qui s’éveillent en elle non une tristesse et une pitié ; elles y étaient mais en apnée sous un flot plus ardent.

Tu es morte.

Cette phrase, cette répétition, était le glas de la boule de démolition qui entamait toujours plus la structure qu’elles s’acharnaient à détruire par stupidité et masochisme et chacun de ces mots fit se tendre le Phénix alors que tout bouillonnait en elle comme en sa sœur. Il n'y avait même plus d’évaluation du combat, juste une évaluation des cœurs, de la maladresse et de la connerie humaine. Elle endura, elle endurait toujours, mais elle savait qu’elles, elles n’endureraient pas. Même après le départ de la bête, départ bien trop tard et qui n’était qu’un vide de scène d’ici au troisième round.

Rachel écouta les confidences, Rachel écouta les confessions, Rachel écouta des vérités énoncées de la façon la plus destructrice du monde ; tous les partis en présence souffraient et souffriraient, c’était ainsi qu’avait fini ce qui devait être une leçon de famille. Mais si cela continuait ainsi il n’y aurait plus de famille. Il y aurait une rousse en Irlande en train de pleurer qu’elle était une mauvaise mère, à jamais rongée par ce qu’elle avait vécu avant, une brune qui en tiendrait rigueur aux autres comme à elle-même de ne rien avoir empêché et n’oserait plus faire face, et une noire qui ne s’en remettrait jamais car à avoir voulu se rapprocher de ses mères elle avait détruite le lien qui les cimentaient toutes trois. La Brune, la Rousse et la Noire Corbeau, décidément destiné à commencer comme une farce et à finir comme une tragédie.

Je… j'abandonne.

La plus sage décision qui pouvait être prise.

Sauf que ce n'est pas terminé, jeune fille… un X men ne peut pas abandonner, tu vois… c'est la dernière partie de cette leçon, le non choix. Tu n'as pas le choix, Debout Jade, tu as assez repris ton souffle comme ça… il est temps de se servir de ses poings. Le choix est un luxe qu'un X men ne peut pas se permettre en combat, ça serait bien trop facile.

La plus mauvaise réponse qui pouvait être donnée.

Mais… Maman.

Il n'y a pas de « maman » ici, il n'y a que Fuzzy… tu as souhaité te frotter à une X Men, assume tes choix. DEBOUT ! J'ai dit.

Les flammes jaillirent, les flammes les enveloppèrent alors qu’elle faisait ce que font tous les Phénix : elle brûlait la menace pour lui offrir une seconde chance. L’Echo se leva des gradins alors que son aura psychique s’étendait autour d’elle avec une agitation violente, alors même que d’une main et d’une aile elle dressait un mur de flamme entre les deux protagonistes, flammes psychiques tout aussi translucide que de nature et laissant voir la fille à la mère et la mère à la fille comme elles laissaient voir à tous la mentor de l’une et la sœur de l’autre.

*- Elle n’affronte pas une X-Men mais une Maraudeuse et s’il n’y a plus de « maman » aujourd’hui il n’y en aura plus jamais*

Les paroles raisonnaient si fort sur le plan astral qu’elles en devenaient aussi perceptibles que la marque psychique de Rachel sur le plan physique, murmure éthéré suffisant à faire trembler les corps et les âmes alors qu’elle dévoilait une chose qu’aucune personne ici n’avait jamais entendue et imaginé, mêlant la voix commune de la jeune femme à un chœur d’autre chose car si en définitive, sa personnalité n’avait que peu été altérée par la fusion et l’ascension, elle n’en était pas moins Rachel et le Phénix. Et il était temps d’agir comme tel.

*- C’en est assez ; il n’y aura nulle gagnante aujourd’hui et la seule chose que vous puissiez faire est limiter cette autodestruction masoch*ste que vous vous infligez. Vous êtes incroyables d’aveuglement et d’adresse lorsqu’il s’agit de vous flageller l’âme et de vous faire souffrir, toutes.*

Ses lèvres ne bougeaient pas et ses deux visages semblaient tout voir et tout entendre, ses quatre yeux regardant tour à tour chaque personne réellement impliquée dans cette histoire pour la juger.

*- Vous reprochez aux X-Men des choses que vous êtes les seules à vous vous êtres imposées au point de les dénaturer complètement dans un refus de l’acceptation de la tragédie qu’est votre destinée. Ils n’ont pas fait de vous ce que vous êtes, ils font parti de ce que vous êtes devenues. JAMAIS ils ne vous ont forcé à ne pas abandonné, vous avez continuées à vous battre et désormais que vous chercher une nouvelle manière de vous battre pour leur cause, ils vous laissent faire et vous y aident. Etre X-Men ce n’est pas être un combattant, c’est guider et protéger, tendre la main et espérer, c’est un appel d’amour qui doit se battre pour ce défendre contre ceux qui tentent de les détruire. Les X-Men construisent, ils ne détruisent pas, c’est pour cela que vous en êtes devenues, que vous en êtes toujours.*

Alors qu’elle parlait, elle s’était avancée, se plaçant entre les deux combattantes pour ramener les bras le long de son corps. Qui regardait-elle ? Impossible de réellement savoir tant elle semblait être partout à la fois, tout percevoir sans avoir besoin de regarder, d’écouter.

*- Mais que vous l’ayez déjà oubliée, si dramatique cela soit, n’est pas le pire. Le pire c’est ce que vous faites maintenant. Vous ne détruisez pas les X-Men, vous détruisez ce qui vous a permis de tenir jusqu’ici. Vous détruisez ce qui vous a permis de reconstruire tout ce que vos sangs et vos ennemis vous ont prit. Ce que vous accusiez le destin de ne vouloir vous offrir. Votre famille !*

Après un regard aux trois plus grandes idiotes de la création, elle reprit avec ce même suprématisme, elle baissait les têtes et les épaules, glissant une main dans sa poche pour en sortir un petit objet sans importance aux yeux de cet univers ni même aux problèmes rencontrés et qui sans doute était mauvais pour la santé mais qui serait ce qui, elle l’espérait, les sauverait d’elles même.

*- Caitlyn, la fille électrique dont la tension peut rendre fébrile ou tuer… Ce qui c’est passé est passé… n’a pas à être craché au visage de quiconque. Tu ne lui apprends pas ses limites mais tu martèles les cœurs, tant le sien que le tien, d’hantise qu’elle ne peut combattre par les poings et la colère mais qu’elle n’aspirerait qu’à aider par l’affection et l’amour. Parce qu’elle t’aime. Et tu en souffre aussi tant parce que tu te souviens de ce qui t’es arrivé que parce que tu crains que cela lui arrive et parce que tu la fais souffrir. Arrête cela, je t’en supplie.*

*- Jade, la fille du Silence capable de se soustraire aux regards… tu commences à voir véritablement… à voir les douleurs des autres au-delà de la tienne. Ne cède pas à la colère, ne cherche pas la vengeance, comprends qu’il faut reconstruire, non rendre coup pour coup. Comprends que cette part de monstruosité, tu n’es pas la seule à l’avoir et que si ce n’est que grâce à d’autres que tu peux la combattre, les autres ont besoin de toi pour en faire de même. Les mains peuvent frapper et caresser, elles peuvent créer une blessure ou tenter de la guérir, à toi de choisir ce que tu feras des tiennes.*

*- Amy, la fille du sang qui s’adapte bon gré mal gré… arrête d’attendre que la tempête passe en espérant que tu seras assez solide pour l’encaisser. Après à agir avant qu’il ne soit trop tard, non à foncer dans le mur mais à l’éviter. Ne regarde pas les choses arriver en en souffrant mais agit pour éviter cette souffrance, pour toi et pour elles.*

*- Vous avez toute trois oubliées que les épreuves que vous avez traversées, aussi horribles soient-elles, c’est votre lien pour les autres qui vous a permis de vous en sortir, de vous en remettre. Ce même lien que vous attaquez alors que vous auriez dû le confier. Le partager. Vous voulez un troisième round ? Alors ce sera le plus difficile de tous : excusez-vous, pardonnez-vous, aimez-vous. Réunissez vous comme la famille que vous êtes, que ce soit les membres proches que sont une fille et ses mères ou les membres plus lointain que sont une autre mère et un autre amant. Passés et futurs vous mettront suffisamment à l’épreuve, ne le faite pas entre vous et apprenez à être fortes ensembles, avec les autres, non contre.*

Sortant la barre de pâte d’amande, elle la prit à deux mains, comme elle aurait recueillit de l’eau, n’ayant plus d’attention physique que pour cela. Elle se tourna néanmoins pour que tous puissent la voir, puisse voir cette chose insignifiante reposant sur les paumes ouvertes de la créature la plus signifiante de cet univers qui lui accordait pourtant toute son attention.

*- Ceci n’est rien. Ceci existe pour disparaitre, pour être consommé, ça n’a ni vie ni mort, ça n’a pas la moindre valeur. Pourtant, cela peut être partagé, cela peut apporter son sourire ou participer à un bon moment ; des choses qui, elles, ont de la valeur. Partagez-là entre vous, mangez-là sans y faire attention, faite ce pourquoi elle est ici : pour vous réunir autour d’elle et vous apprendre que même si vous appréciez son goût sucré, ce que vous aimez le plus chez elle c’est de pouvoir la manger en compagnie d’autres personnes que vous aimez bien différemment d’elle.*

Refermant les doigts et les serres, elle la scinda en deux, en tendant une moitié à Caitlyn et l’autre à Jade pour les déposer, de gré ou de force, dans leurs mains. Elle l’avait amenée pour cela, la réconciliation une fois que cela serait terminé. Elle avait résisté à sa gourmandise pour cela, la réconciliation une fois que cela serait terminé. C’était terminé.

Alors elle se détourna, passant une étrange caresse sur les joues de deux des trois personnes qu’il fallait aimer quand même, des fois, avant de faire ce que faisaient tous les Phénix et de s’en retournée sa mission accomplie. Leur univers était sauvé, il y avait tout ce qu’il avait besoin pour fonctionner. Des mères, des filles, une femme, un petit copain, une petite sœur.

*- Aimez-vous, pas parce qu’il faut vous aimer mais parce que c’est la plus difficile et la meilleure chose à faire en ce monde. Aimez-vous parce que c’est ce qui vous réunira et vous fera aller jusqu’au bout, quelqu’en soit la manière, quelqu’en soit l’épreuve.*

Le Phénix ne laissait habituellement pas de mot après son passage, pour justifier ou témoigner, mais peut-être était-ce là la nature de l’Echo ? Dans le doute, elle n’ajouta rien, mais elle n’avait pas besoin d’ajouter qu’elle les aimait, elle aussi. Elle ne souhaitait simplement pas rajouter sa propre souffrance et son amertume à ce lieu qui en avait trop connu pour la journée mais elle continuerait d’être là, dans leurs cœurs, comme eux-tous l’étaient dans le sien. C’est ce qu’elle espérait quand elle franchit le seuil.

Qu’est-ce qu’un(e) ami(e) ? Qu’est-ce que l’Amitié ? Est-ce seulement l’appréciation de la compagnie d’autres, d’un partage avec eux ou de leur personne ? Est-ce seulement l’intérêt pour leur être et les points communs comme les divergences que l’on possède avec eux ? Est-ce l’entraide de plusieurs personnes portées par un sentiment d’affection réciproque ? Est-ce une confiance mutuelle dans la sincérité de ce qui nous est dit et le savoir tacite que l’autre sera là si jamais on a besoin de lui ? Je pourrais continuer longtemps comme cela car j’ignore si une vie suffit à découvrir tout ce qu’est l’amitié. Mais même si j’ignore son entièreté, son étendue, je sais la reconnaitre. C’est suffisant.

Aujourd’hui une Amitié a fait ce qu’un Amour n’a pu. J’ai contemplé cela avec un détachement irréel jusqu’à ce que mon tour vienne et qu’on m’explique avec une clarté aveuglante ce dont il en retournait. J’ai eu peur, oui, j’ai eu peur du jugement. D’abord d’une chose qui échappe à ma compréhension et m’effraierais toujours, puis d’une personne que je pensais connaitre mais qui me surprendra toujours. Ça a commencé dans une chambre, ça a commencé par des mots, ça a été difficile et regarde où ça en est aujourd’hui. Il n’est pas besoin d’en parler plus.

Je pleurais déjà, bien sur que je pleurai. J’ai pleuré à chacun de ces énoncés certes fictifs mais douloureux jusque dans leur conceptualisation. Je sais ce que cela fait de perdre quelqu’un qu’on aime, j’ai trop perdue mon aimée, mais je n’ai encore perdue de fille et si, un jour, cela viendra, je ne veux pas y penser, je veux remettre mes œillères en attendant que cela arrive, que cela passe. J’aurai tellement de chose à témoigner de ce qui c’est passé que je crois que je n’y arriverai jamais. J’ai vu, en l’espace de quelques minutes, tout ce que j’aimais muer pour révéler ce qu’il avait de pire afin qu’il ne reste que ce pire, comme je l’avais tant crains, pire que je l’avais crains d’ailleurs, jusqu’à ce qu’on l’endigue. Je n’ai pas cette force, je ne prétends pas l’avoir et ne l’aurais sans doute jamais. Mais là où j’ai flanchée une amie m’a rattrapée. Mon amie, la sœur de Caitlyn, la marraine de Jade, nous a rattrapées. C’était elle, dans ce qu’on avait considéré comme inhumain et dangereux, dans ce qu’on avait refusé et occulté, chez nous comme chez elle.

Elle m’a dit un jour qu’on ne voyait que les mieux étoiles lorsqu’on se trouvait dans les ténèbres et elle nous a aveuglées de sa lumière alors que nous nous enfoncions toujours plus profondément, par l’action, par l’inaction, par le venin de l’amour et par la haine. Puis son jugement rendu, son présent accordé, elle est repartie, nous laissant seules avec nous même.

J’ai regardée Caitlyn alors. C’est vers elle qu’est allé mon regard en tout premier lieu car même si une mère protège ses enfants je n’arriverai jamais à faire passer aucune d’entre elles avant Caitlyn. Notre lien est beaucoup trop fort pour cela et c’est sans doute pour cela que je l’ai laissée faire du mal à Jade. Elle le comprit, je l’ai lu dans son regard, elle le comprit dès que l’orage fut passé. Un orage d’été muet et inédit, ne cherchant plus à se faire mal seule mais à faire mal à ceux qu’elle aimait pour ne s’en faire que plus souffrir après. Est-ce cela, Cati Mia ? Est-ce que cela n’est qu’un moyen, maintenant que tu n’as plus rien à regretter, de continuer à créer de nouveaux démons ?

Ils n’hantent pas que tes cauchemars. Ils t’hantent pleine et entière. Aujourd’hui tu les as épousés, aujourd’hui tu es devenue comme eux. Alors tu te réveilles, tu trembles face à toi-même mais ne te rejettes pas avec la ferveur habituelle. Non, tu ne peux plus le faire, tu ne peux plus t’effondrer pour que je puisse te consoler car nous ne sommes plus que toutes les deux et que si tu le fais, invariablement une personne devra souffrir. Tu regardes cette personne en dernière, tu n’arrives pas à lui parler, pourtant je sais que tes pensées sont d’une clarté incroyable, peut-être même inédite, toutes concentrées en une unique direction, tellement obsessive de celle-ci qu’elle en obstrue le passage plus qu’elles ne le font avec leur habituelle anarchie. Quand à laisser parler ton cœur, il a trop mal pour trouver la voix comme la voie, il doit se remettre pour s’exprimer à nouveau, non aphone mais exsangue.

Cela t’est déjà arrivé, tu te souviens ? C’était un jour d’hivers, tu étais partie avec les meilleures intentions du monde et nous t’avions courue après durant la matinée la plus infernale que nous ne pouvions imaginer. C’était un plan de ta fille et aujourd’hui tu nous as prouvé qu’elle le tient bien de toi car tout a recommencée mais tu étais seule coupable, cette fois. Les enfants ont souvent pour tâche de réussir là où leurs parents ont échoué, Aislinn n’a pas mieux réussie que toi.

Jade oui.

Je la regarde avec cette même douleur que toi s’élever face au monde, s’élever face à la douleur et la colère avec sans en éprouver aucune. Je la regarde et je la voix, tout comme toi, réussir là où nous avons échoué. Regardes-là faire son premier miracle, ma puce, regardes-là s’élever au-dessus de nous pour prendre son envol et venir jusqu’à nous pour nous sauver de nous-mêmes. Regardes-là énoncer au monde qui nous sommes, une à une, cherchant à remplacer nos craintes, nos tristesses et nos colères par cette chose qu’elle n’a pas réellement connue avant nous : l’amour. Regardes-là transmuter les larmes, leur donner une signification toute autre.

Nous avons souffert pour construire notre famille, nous y cherchons toutes plus ou moins notre place en tâtonnant, nous avons un milliard de raison de ne pas être ensemble et nous somme là ; écoute cette vérité, mon amour, écoute cette leçon faite d’une fille à ses mères. Ecoutes-là et comme moi, tu ne pourras t’empêcher de sourire malgré les larmes, de laisser échapper des rires nerveux à certaines de ses remarques, de sentir ton cœur se gonfler d’un amour qui n’est peut-être pas le nôtre mais dont la puissance plus jeune ne fait que croitre également. Notre lien est fusionnel, Caitlyn, nous nous le démontrons suffisamment ainsi. Celui de Jade est né de cela. Jamais elle ne naitra de notre amour mais elle en vit elle aussi.

Est-ce que tu le sens, lorsqu’elle t’enserre ainsi, pensant d’instinct à me laisser une place ? Est-ce que tu le sens quant elle te dit que ce n’est pas la peine, qu’elle sait déjà ?

J’ai gardé mon maillot de bain pour vous signifier combien je ne voulais pas être là mais ses attachent au cou et à la taille me laissent toute liberté de montrer combien je veux maintenant être là, avec vous. La nudité est ce qu’il y a de plus sincère, j’ai cette semi-nudité à vous offrir mais je pense que celle de mon corps importera moins que celles de mes sentiments. Alors je laisse la serviette tomber et je viens enlacer à mon tour, révélant ses ailes qui s’échappent de mon dos pour former notre cocon.

C’est exclusif, je sais, mais pour l’heure je m’en moque. Je ne repousserai pas Sanzo s’il essaie de venir mais je ne l’y inviterai pas non plus, c’est à lui de trouver sa place mais même s’il ne les a vue qu’une seule et unique fois auparavant, il est plus que clair que mes ailes ont l’envergure suffisante pour couvrir une grande famille et j’ignore si elles arrêteront de grandir un jour. Peut-être le feront-elles lorsque je n’aurais plus d’amour à revendre mais du fait, il me reste une éternité avant que cela arrive. Je les aime pour l’éternité et plus encore, ma Cati Mia et ma Jeune Fille.